Interview n°2 du Dr Thierry Poitte : la place de la physiothérapie en post-opératoire et chez l’animal âgé

Mikan est venu interviewer le Dr Thierry Poitte dans sa clinique à La Flotte-en-Ré (17) pour aborder différents sujets autour de la douleur animale, de la médecine préventive et de la physiothérapie.

Découvrez la deuxième de nos 3 interviews, abordant les sujets suivants : 

• La physiothérapie, un atout pour la récupération post-opératoire
• L'importance de la physiothérapie chez l'animal âgé
• Qu'est-ce que l'ergothérapie ?

Merci au Dr Thierry Poitte et à l'équipe de la clinique de La Flotte-en-Ré, pour le partage de son expertise, ainsi qu’aux dog et cat modèles à poils et leurs propriétaires qui ont permis de capturer ces images de soins.

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Pour lire l’interview, c’est dessous ! 

En complément de quelles chirurgies la physiothérapie peut-elle intervenir ?

Dans le cas d'une douleur aiguë post-opératoire, la physiothérapie est intéressante pour contrôler à la fois la douleur et l'inflammation. On va réserver la physiothérapie à toute chirurgie d'intensité douloureuse élevée.

Je pense aux chirurgies ostéo-articulaires, mais ça peut être aussi des chirurgies de la sphère ORL ; ça peut être des chirurgies d'extractions dentaires ou on peut utiliser par exemple le froid ou le laser ; ça peut être des chirurgies de thoracotomie...

Le panel d'interventions est assez vaste. Le critère de sélection, c'est l'intensité présumée de la douleur.

Comment peut-on optimiser la récupération post-opératoire de ses patients ?

On peut optimiser déjà en post-opératoire immédiat en diminuant les effets délétères de l'inflammation. Je pense à l'utilisation du froid avec notamment l'utilisation par exemple des attelles cryo compressives, où vous avez à la fois l'intérêt de la pression pour diminuer l'œdème, mais aussi l'intérêt antalgique du froid.

Et puis ensuite dans un post-opératoire différé, tout l'intérêt de faire de la physiothérapie pour favoriser le retour à la mobilité après une intervention de chirurgie ostéo-articulaire.

Pour quelles raisons la physiothérapie post-opératoire devrait-elle être systématique aujourd’hui ?

Elle peut être effectivement indispensable dans le cas des chirurgies préalablement énoncées. Dans le post-opératoire immédiat pour diminuer les conséquences d'une inflammation délétère. Je pense notamment au froid. Je pense à l'intérêt des attelles, par exemple, cryo compressives où vous allez avoir à la fois l'intérêt du froid, mais aussi l'intérêt de la compression pour diminuer les œdèmes.

Et puis, il y a un intérêt manifeste de la physiothérapie en post-opératoire différé pour lutter contre les effets délétères de l'immobilisation.

La physiothérapie gagne toutes ses lettres de noblesse pour favoriser le retour à la mobilité suite à des chirurgies ostéo-articulaires, bien sûr, accompagnée de mesures de restriction d'exercices pour ne pas tomber dans des risques de complications. C'est un jeu subtil d'équilibre entre les exercices physiques à faible impact, avec une physiothérapie bien conduite pour favoriser les processus naturels de guérison.

Observez-vous un vieillissement de la population d’animaux et quelle est la place de la physiothérapie chez l’animal âgé ?

Alors, clairement, l'espérance de vie de nos animaux de compagnie a énormément augmenté. C'est le fruit de la qualité des soins, c'est le fruit aussi d'une alimentation mieux équilibrée. Et c'est aussi le fruit d'une prise de conscience des propriétaires de la nécessité de prendre davantage en compte les maladies dégénératives qui accompagnent souvent le vieillissement.

Après le vieillissement, ce n'est pas une maladie, c'est un processus inéluctable. Évidemment, la prévalence des maladies dégénératives s'accentue avec le vieillissement. Mais ce n'est pas une fatalité.

Et, en l'occurrence, la physiothérapie peut devenir un moyen d’accompagnement pour améliorer la qualité de vie de ces animaux vieillissants. Je pense notamment à la fonte musculaire, liée par exemple à de l'arthrose, mais aussi à ce qu'on appelle la sarcopénie, qui est la baisse, la fonte musculaire, liée à l'âge et qui est un processus inéluctable, mais qu'on peut retarder avec une physiothérapie bien conduite.

Associée à cette fonte musculaire inexorable, à cette sarcopénie, vous avez ce qu'on appelle de la dynapénie. La “dyna”, c'est la force, vous avez une faiblesse musculaire, vous avez une perte de force qui explique que nos animaux vieillissants ont de plus en plus de difficultés à se relever et à avoir des exercices de mobilité encore possibles.

Et donc la physiothérapie ne peut pas tout corriger, mais elle peut retarder cette évolution inéluctable et apporter un vrai confort à l’animal.

L’ergothérapie est-elle “réservée” à l’animal âgé ou handicapé, ou le propriétaire d’un jeune chien ou chat peut aussi s’y intéresser ?

Alors, depuis le début de cet entretien, on parle de complémentarité. Et effectivement, en complément de la physiothérapie, existe l’ergothérapie. L’ergothérapie, c'est la thérapie par l'activité.

En fait, le but, c'est de maintenir, de restaurer ou de retrouver des activités de mobilité qui sont devenues déficientes du fait d'un handicap, par exemple d'une pathologie arthrosique.

Les vétérinaires expliquent de plus en plus à leurs propriétaires qu’ils peuvent aménager l'environnement dans des stratégies de coping. Le coping, littéralement, ce sont des stratégies d'adaptation. Faire avec un handicap.

Comment ?

• En disposant des plans inclinés pour faciliter la montée dans la voiture,
• En équipant les chiens avec des harnais pour faciliter les promenades, pour faciliter le relevé,
• En mettant par exemple des chaussons antidérapants sur les animaux très âgés qui ont des déficits proprioceptifs, qui déjà souffrent de pathologies douloureuses et qui peuvent encore aggraver cette douleur, lorsqu'ils glissent ;
• D'équiper la maison, par exemple avec des tapis antidérapants ;
• Améliorer le confort nocturne, avec des matelas à mémoire de forme.

Vous voyez que la panoplie est extrêmement vaste et ce sont des conseils très utiles que les propriétaires, dans leur grande majorité, adoptent quand ces conseils sont donnés par les vétérinaires.