Interview du Dr Alexandre CARON : Synergie entre chirurgie, physiothérapie et rééducation
Suite à la création du pôle physiothérapie de la clinique de référés AniCura TRIOVet à Rennes (35), Mikan est venu interviewer le Dr Vétérinaire Alexandre Caron, spécialiste en chirurgie.
Le Dr Caron a co-créé le projet de la clinique AniCura TRIOVet et exerce actuellement en tant que vétérinaire spécialiste en chirurgie des animaux de compagnie : chirurgie orthopédique, neurochirurgie, chirurgie des tissus mous, arthroscopie et médecine du sport.
À travers cette interview, il explique :
- Son parcours et la naissance de la clinique de référés
- Un état des lieux sur la médecine vétérinaire du sport
- La complémentarité entre la chirurgie, la physiothérapie et la rééducation, avec son point de vu de spécialiste en chirurgie.
- La place de la physiothérapie dans le parcours de soin et ses évolutions possibles.
Retrouvez aussi de belles images de soins en physiothérapie et des animaux combatifs face à leur handicap et leurs difficultés !
- Bud est le Carlin doyen des interviews, faisant face à une forte perte de la mobilité et un handicap moteur.
- Ruby, la super Braque de weimar qui s’est faite renversée par une voiture l’année dernière et réapprend la continence, la marche et progresse à chaque séance.
- Prune, la Berger blanc suisse sportive qui est suivie en rééducation suite à une double rupture des ligaments croisés antérieur.
- Sunny, la jeune Petit Épagneul de Munster, formatrice vétérinaire, qui montre à la perfection des exemples de soins !
Merci à la clinique AniCura TRIOVet, au Dr Caron pour son partage de connaissances, ainsi qu’à Bud, Ruby, Sunny et Prune, nos dog modèles à poils et leurs propriétaires.
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Pour lire l’interview c’est dessous !
Vous êtes Dr vétérinaire spécialiste en chirurgie, quel a été votre parcours ?
Moi, j'ai toujours eu envie de bricoler, donc ça a été relativement facile pour moi comme choix d'en arriver à la chirurgie ; vétérinaire, parce que j'ai vu beaucoup d'animaux autour de moi quand j'étais quand j'étais plus jeune. Donc c'est comme ça que j'ai fini à Nantes, étudiant ; et puis après, j'ai vadrouillé un peu à droite, à gauche. Je suis passé par Maison Alfort pour mon internat. Je suis revenu faire un assistanat en chirurgie et en anesthésie pendant un an à Oniris, avant de partir.
Donc je suis parti quatre ans ensuite en Angleterre, où j'ai eu la chance de suivre ceux que j'appelle mes mentors aujourd’hui qui m'ont formé. Donc entre deux cliniques, une clinique purement spécialisée en orthopédie, neurochirurgie et une autre clinique spécialisée en oncologie. Où c'était ma formation, partie un peu plus sur les tissus mous, où j'ai fait en fait que la chirurgie oncologique.
Puis je suis revenu en France après pour des raisons principalement familiales, et c'est là que je me suis axé presque à 100 % vers de la chirurgie orthopédique et neurochirurgie. Qui est mon activité exclusive, aujourd'hui, ce qui me permet de développer jusqu'au bout, on va dire, toutes les nouveautés de ce que la chirurgie peut offrir, beaucoup de mini invasif, surtout une grande passion pour la arthroscopie.
La clinique AniCura TRIOVet vient de fêter ses deux ans, pouvez-vous nous présenter votre clinique ?
Donc effectivement, TRIOVet, c'est un projet de copains à la base, on s'est retrouvé entre plusieurs copains spécialistes dans différents domaines et on a dessiné un projet qui nous ressemblait, c'est à dire multidisciplinaire, avec chacun un petit peu nos domaines qui nous permettent de travailler en équipe pour pouvoir offrir à nos patients, le meilleur service de soins possible.
La physiothérapie faisait-elle partie du projet AniCura TRIOVet dès le début ?
Alors oui, en fait, le projet TRIOVet, au tout début, c'était essentiellement un projet qui tournait autour de l'orthopédie et de la médecine du sport.
Donc on s'est très, très vite rencontrés et retrouvés avec Ludivine autour de ce projet là, dans l'idée de proposer une offre qui soit un peu unique et spéciale dans le sens où on proposait du coup à nos patients un parcours de soins vraiment complet, depuis le diagnostic jusqu'au traitement orthopédique et neurologique qui inclut du coup le traitement à la fois chirurgical et postopératoire avec la physiothérapie, la rééducation et puis l'accompagnement dans la médecine du sport.
Observez-vous un développement de la médecine du sport vétérinaire ?
Oui, donc effectivement, les sports canins sont en plein développement avec des gens qui sont des grands professionnels et d'autres qui sont des amateurs, voire amateurs éclairés, mais qui ont un besoin du coup, que notre patient et leur chien, puisse justement vivre ce sport pleinement et en tout confort pendant les week ends.
La médecine du sport, c'est un peu le parent pauvre de la médecine vétérinaire aujourd’hui, dans le sens où il y a peu de personnes qui s'y intéressent.
Du coup, les sportifs autour du chien et de la pratique des sports canins se débrouillent un peu comme ils peuvent avec les professionnels qu’ils peuvent trouver et qui gravitent autour de ce milieu là. Mais je pense que la médecine vétérinaire doit vraiment évoluer dans ce sens là. La médecine sportive a vraiment plein de choses à proposer.
On est là avec Ludivine pour essayer d'aider justement dans ce développement là, pour que la médecine du sport prenne une vraie importance dans nos pratiques aujourd’hui.
Depuis le diagnostic jusqu'au traitement, il y a plein de choses à proposer. Et ça ne passe pas forcément par un acte chirurgical, notamment chez les sportifs en pleine carrière qui ne sont pas forcément les meilleurs candidats pour avoir une chirurgie, tout en poursuivant derrière une belle carrière et en ayant des résultats tout de suite. Donc, on a plein d'outils à notre disposition aujourd'hui à proposer.
La médecine, du sport, c'est à la fois effectivement une médecine qui va être curative. C'est à dire que, moi typiquement, en tant que chirurgien, je vais avoir pas mal de solutions à proposer quand il y a des soucis ; ça peut devenir chirurgical, mais ça peut aussi être para chirurgical, on va dire.
Mais les choses qui vont être à développer aussi, c'est effectivement l’accompagnement vétérinaire du chien de sport qui est encore plutôt en bonne santé. Donc de la préparation à l'effort, du retour au calme derrière ; et là, on a de belles valences à jouer. Alors peut être plus Ludivine que moi finalement sur cette activité là. Mais pour que ces animaux puissent vivre leur sport pleinement et justement rester en bonne santé tout au long de leur carrière.
Pensez-vous qu’il faille encore démystifier la physiothérapie auprès des clients et des vétérinaires ?
Je pense qu’auprès du grand public, la physiothérapie, elle est très facile à comprendre. Dès lors qu'on parle d'aller chez le kiné pour nous, ça paraît juste logique. On n'imagine pas avoir subi une grosse chirurgie de l’épaule et ne pas faire de kiné derrière pour réapprendre à utiliser son épaule. Le grand public est assez ouvert à ça.
Les freins, ils sont doubles : c'est le temps à y consacrer, l'énergie à y consacrer et puis le coût éventuel associé.
Auprès des vétérinaires, c'est un peu la même idée aujourd’hui. C’est je pense un manque d’habitude, on va parfois se contenter d'un résultat qui sera un résultat sub-optimal. Mais on peut faire mieux aujourd’hui. Et la physio, c'est probablement le maillon supplémentaire qu'on peut ajouter pour pouvoir faire mieux que ce qu'un chirurgien tout seul est capable de faire. On sait faire plein de choses, mais tout seul, on n’est pas grand chose.
Quelle place occupe la physiothérapie dans votre parcours de soins ?
Dans l'idée du projet de base qu'on avait avec Ludivine, c'était de donner une part beaucoup plus importante aujourd’hui à la physio et à la rééducation, dans le traitement et dans la prévention aussi. Donc, aujourd'hui, la physiothérapie, elle est vouée à se développer encore. Il y a encore un gros potentiel au sein du parcours de soins. Elle est probablement sous utilisée. On a tendance à trouver ça normal pour nous, pour la moindre petite douleur musculaire et articulaire, d'aller chez le kiné.
Ce n'est pas encore la routine en médecine véto et on est capable de faire de belles chirurgies, parfois des chirurgies un peu lourdes. Et notre philosophie, c'est d'essayer de ne pas oublier que le post-opératoire va être tout aussi important que la phase opératoire en elle même. Donc, on essaye de développer ça le plus possible.
Ce n'est pas systématique, aujourd'hui, pour des questions de temps, de disponibilité du propriétaire et puis de coûts. Bien évidemment, c'est sûr que c'est encore un frein parfois. Mais l'idée, c'est d'essayer de rendre ça le plus systématique possible, dans le but que nos patients puissent avoir le meilleur résultat possible et le plus vite possible.
Le traitement de physiothérapie est-il pertinent en phase pré-opératoire ?
Oui, la physiothérapie en préopératoire, c’est une chose qui, je pense, devrait tendre à se développer aussi. Typiquement, c'est quelque chose qui, pour toute chirurgie articulaire d'une affection chronique, peut être intéressant. Pour, en amont de la chirurgie, essayer de travailler sur l'amplitude articulaire, essayer de travailler sur le développement musculaire, pour que le résultat de la chirurgie en lui-même soit le meilleur possible.
Si on parle de prothèse articulaire, par exemple, la physiothérapie en pré-opératoire, ça peut être vraiment un bonus. Pour que la récupération post-opératoire se fasse pour le mieux, qu'on prenne un petit peu d'avance.
La physiothérapie peut-elle parfois “remplacer” la chirurgie si celle-ci est contre-indiquée ?
J'aime penser, en tant que chirurgien, qu'on est encore irremplaçable aujourd’hui. Avec l'arrivée de la robotique et tout ça, on parle beaucoup de nous remplacer, en tant que primate orthopédique. La physiothérapie, elle, ne va pas nous remplacer, la physiothérapie, elle peut parfois plutôt même pallier à nos incompétences. En tant que chirurgien orthopédique, il y a des choses qu'on ne sait pas ou qu'on ne peut pas traiter avec un bistouri.
La physiothérapie, elle va pouvoir accompagner ces patients. Elle ne va pas forcément viser à guérir absolument le fond du problème, mais par contre, elle va pouvoir les accompagner en termes de fonctions, mais aussi en termes de confort, de douleur.
On a plein de choses aujourd'hui à proposer. Il y a plein d'outils qui se développent pour qu’on puisse accompagner au mieux ces patients. Sans pour autant que le chirurgien vienne intervenir en profondeur.
Quels avantages présentent les suivis en physiothérapie post-chirurgicaux ?
Donc la physiothérapie en post-opératoire, notamment sur la chirurgie orthopédique, elle a d'abord un intérêt pour la gestion de la douleur. On parle beaucoup d'analgésies multimodales et je suis assez convaincue que sur toutes les chirurgies orthopédiques, la physiothérapie a un rôle important à jouer dans ce cadre là.
Et puis derrière, dans le cadre de la récupération fonctionnelle, la physiothérapie va permettre qu'on mobilise le plus vite possible les articulations, qu'on fasse travailler l'ensemble des tissus musculaires ou péri-articulaires ; et puis d'amener un résultat fonctionnel qui soit, j'aimerais dire, idéal, le plus vite possible. Donc ça va travailler sur du court terme comme sur du moyen et parfois du plus long terme, en post-opératoire.
Quels agents physiques voudriez-vous voir se développer autour des actes chirurgicaux ?
Je pense que la physiothérapie, elle a de toute façon, un bel avenir en terme de développement devant elle. Aujourd'hui, il y a plein d'outils thérapeutiques qui existent. Je pense que la plupart d'entre eux sont sous utilisés. On parle du laser, on parle des ondes de choc, on parle de la cryothérapie, pour ne citer que ceux là.
Et tout ça, ce sont des outils qui sont un peu utilisés et qui mériteraient peut être de pénétrer un peu plus les blocs opératoires ou en tout cas, les cliniques autour des blocs opératoires pour aider dans la récupération. Que ce soit à court terme ou à moyen terme, selon les agents et selon les indications.
Pourquoi vous-êtes-vous tournés vers Mikan pour votre matériel de physiothérapie et rééducation ?
Mikan occupe aujourd’hui une place importante sur la place de la physiothérapie, dans le monde vétérinaire en France. Donc, ça paraissait évident qu'on puisse travailler ensemble autour de notre équipement en physiothérapie. Et puis on n'a pas regretté ce choix.
Quelles évolutions imaginez-vous dans l’avenir de la prise en charge de la douleur et la physiothérapie ?
Dans le cadre de la prise en charge de la douleur, on pense systématiquement à tout ce qui va être médicaments et diverses molécules. Aujourd'hui, il y a plein de choses qui existent sur le marché et qui se développent. On a pas mal de médecines alternatives ou de compléments qui peuvent aussi exister.
Donc tout ça va travailler un peu conjointement et je pense qu'on a tendance à trop oublier la physiothérapie dans le cadre des affections articulaires notamment, comme étant un très bon agent de gestion de la douleur, notamment de la douleur chronique autour de toutes ces affections qui parfois peuvent être très invalidantes.
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