Interview du Dr Ludivine JACQUEMIN : Création et fonctionnement d’un centre de physiothérapie
Suite à la création du pôle physiothérapie de la clinique de référés AniCura TRIOVet à Rennes (35), Mikan est venu interviewer le Dr Vétérinaire Ludivine Jacquemin-Bietrix, physiothérapeute.
Le Dr Jacquemin-Bietrix dirige le service de physiothérapie et de rééducation fonctionnelle, d'AniCura TRIOVet où elle exerce en tant que vétérinaire référé.
À travers cette interview, elle explique :
- Son parcours, comment elle s’est orientée vers la physiothérapie et son intégration dans le projet de la clinique pour créer le centre de physiothérapie
- La relation qu’elle développe avec les propriétaires et les animaux ainsi que la place de la physiothérapie dans le parcours de soin
- Les équipements de son plateau technique de physiothérapie
- Un état des lieux du bien-être animal
Retrouvez aussi de belles images de soins en physiothérapie et des animaux combatifs face à leur handicap et leurs difficultés !
- Bud est le Carlin doyen des interviews, faisant face à une forte perte de la mobilité et un handicap moteur.
- Ruby, la super Braque de weimar qui s’est faite renversée par une voiture l’année dernière et réapprend la continence, la marche et progresse à chaque séance.
- Prune, la Berger blanc suisse sportive qui est suivie en rééducation suite à une double rupture des ligaments croisés antérieur.
- Sunny, la jeune Petit Épagneul de Munster, formatrice vétérinaire, qui montre à la perfection des exemples de soins !
Merci à la clinique AniCura TRIOVet, au Dr Jacquemin pour son partage de connaissances, ainsi qu’à Bud, Ruby, Sunny et Prune, nos dog modèles à poils et leurs propriétaires.
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Pour lire l’interview c’est dessous !
Vous êtes Dr vétérinaire en physiothérapie et rééducation, pourquoi cette orientation dans votre pratique vétérinaire ?
Alors moi, j'ai découvert la rééducation et la physiothérapie lors de ma dernière année d'étude que j'ai faite à l'école vétérinaire de Maisons-Alfort. Et donc j'ai eu un vrai coup de cœur pour la discipline. Alors déjà, par son aspect scientifique avant tout, tout ce qui est derrière la rééducation, la biomécanique, la plasticité neuro motrice, tous ces aspects là qui sont vraiment passionnants. Et puis après, sur le côté vraiment humain de la physiothérapie : le temps qu'on peut consacrer à la fois aux patients et aux clients. Qui est un véritable confort de travail et une satisfaction personnelle.
Est-ce important pour vous de défendre et promouvoir la physiothérapie dans le domaine vétérinaire ?
Alors oui, du coup, moi j'ai participé à la création de l’AFVEPHYR, qui est l'association française des vétérinaires exerçant en physiothérapie, rééducation.Elle a été créée en 2011, et j'ai participé également à la création du groupe d'étude en rééducation et physiothérapie au sein de l’AFVAC en 2015.
Et donc effectivement, en 2011, c'était vraiment particulièrement important de se faire connaître et de faire connaître la discipline parce que c'était vraiment inconnu des vétérinaires et encore plus des assistantes. Et ça nous paraissait essentiel.
On était une petite quinzaine de vétérinaires à pratiquer la physiothérapie. Ça nous paraissait essentiel de dire à nos confrères et à nos consoeurs qu'ils avaient des solutions dont ils avaient absolument pas connaissance et conscience, des solutions pour apporter de nouvelles choses à leurs patients dans une prise en charge globale de la fonction locomotrice et plus largement du bien être animal.
Quelle relation avez-vous avec les propriétaires de vos patients ?
Alors en rééducation, comme pour toutes les disciplines, la première fois, ils sont un peu inquiets parce qu'ils appréhendent. Ils ne savent pas comment ça va se passer souvent et ils ont l'impression que leur chien va avoir trop peur, qu'il va pas se laisser faire, qu'ils sont là pour rien. Ils sont dans cette inquiétude là, Surtout que la rééducation demande à l'animal d'être actif. Ce n'est pas simplement un soin où on va l’endormir ou faire une injection, il faut sa participation.
Donc voilà, les gens peuvent être inquiets effectivement sur ce point là. Mais finalement, ils sont vite rassurés. Parce que, en rééducation, on est tous un petit peu dans cette idée là de faire du renforcement positif tout le long d'une séance avec des friandises, des jouets.
Et puis en particulier la première consultation, on va prendre tout le temps qui est nécessaire pour mettre à l'aise l’animal. Reporter peut être certaines techniques si on voit que ça fait trop la première fois. Donc voilà, en général, les gens arrivent avec un peu d'appréhension puis repartent avec le sourire.
Et puis ce qu'on voit, c'est que finalement, les chiens sont pressés de revenir de séance en séance. Ils me surveillent dans le couloir, si j'ai bientôt terminé et ils tirent sur leur laisse pour rentrer dans la salle. Il y a des gens qui me disent on aime venir parce que c'est notre moment à nous. Pendant 1 h, on est avec lui, on lui fait des câlins, on lui donne des friandises et ce n'est pas forcément un temps qu'ils prennent quand ils sont à la maison finalement.
Comment jugez-vous l’observance des clients en physiothérapie et rééducation ?
Alors, en règle générale, les clients que je reçois sont motivés. Ils viennent pas là par hasard. Donc l'observance est plutôt bonne. Ils vont faire même des exercices à la maison en plus des séances chaque semaine. Donc je n'ai pas trop de problèmes à ce niveau là.
Comment se déroule une consultation en physiothérapie ou rééducation animale ?
Moi, je vais recevoir l'animal, prendre le temps de discuter avec les gens, savoir ce qu'ils attendent de ma prise en charge, connaître l'historique aussi de l’animal, prendre le temps de mettre tout le monde bien à l’aise. Et puis donc faire ma première consultation : on parle de bilan algique et fonctionnel.
Donc essayer de déceler d'éventuelles zones douloureuses chez l'animal, mais aussi d'éventuelles autres origines de l'atteinte fonctionnelle qui est pointée du doigt. Donc, est-ce qu'on a une ankylose articulaire ? Est-ce qu'on a une atteinte musculaire ? Que ce soit en termes de masse ou de force musculaire ? Ou est ce qu'on a une atteinte nerveuse ? Alors une atteinte nerveuse primaire avec une vraie paralysie ou un phénomène de déprogrammation, avec l’animal qui appréhende de se servir de son membre après une chirurgie par exemple ?
Donc, c'est vraiment l'importance de cette première consultation pour savoir pourquoi l'animal a une atteinte de sa fonction locomotrice. Et puis, pour pouvoir derrière, choisir les techniques adaptées pour prendre en charge soit la douleur, soit l'ankylose articulaire, soit l'atteinte musculaire ou soit l'atteinte nerveuse.
La prise en charge en physiothérapie peut-elle s’effectuer de manière préventive ?
Alors oui, tout à fait. C’est en particulier chez l'animal âgé. Ça se fait énormément chez l’homme. Cette notion de prévention, où on va essayer de gagner ce qu'on appelle des réserves fonctionnelles pour repousser le plus tardivement dans le temps le moment où le patient va décompenser, parfois brutalement et du jour au lendemain il n’est plus capable de se relever, de marcher, etc. Et donc on va pouvoir prendre en charge un animal pour qu'il soit bien le plus longtemps possible.
Quels agents physiques utilisez-vous au quotidien, avez-vous des favoris ?
Alors honnêtement, j'en ai pas un que je vais utiliser plus fréquemment. Vraiment, j'alterne de façon assez égale entre chaque outil, Donc sur l'ordre d'utilisation de mes agents physiques, en général, tout ce qui est passif, je vais le faire au début.
Donc que ce soit l'électrothérapie, les mobilisations passives, l'échauffement à la lampe chauffante, le laser… Voilà, tout ce qui est passif, ça va être au début. Et puis après, je vais plutôt commencer la séance active par les exercices de rééducation proprioceptive, donc sur plateforme de déstabilisation. Et ensuite, je vais passer sur le travail de marche sur tapis roulant sec et/ou immergé.
Vous arrive-t-il de prolonger les soins au delà de la prise en charge initiale ?
Donc oui, effectivement, ça peut arriver de faire de nouvelles séances. En partenariat avec le vétérinaire traitant, on va choisir de prolonger la prise en charge en rééducation. Par exemple sur des animaux âgés qui ont besoin de refaire quelques séances, à chaque changement de saison ou une fois par an, par exemple. Pour entretenir les bénéfices de la prise en charge ou chez un animal qui aurait des séquelles neurologiques, pour éviter qu'il se dégrade un peu trop dans le temps.
C'est particulièrement vrai chez les animaux qui deviennent âgés, où finalement, il y a les conséquences du vieillissement qui s'ajoutent à leurs séquelles neurologiques et qui nécessitent à ce moment là en particulier, une nouvelle prise en charge.
Quels sont vos équipements en physiothérapie et rééducation ?
Alors on a tout ce qui est petit matériel : ballons cacahuètes, cavalettis, coussins de proprioception, les tapis de gymnastique pour examiner les grands chiens au sol. Et puis, après tout ce qui est matériel vraiment de physiothérapie au sens strict : avec un appareil laser, un appareil d’électrothérapie, plusieurs autres petits appareils d'électrothérapie pour la location à la maison, une plateforme de déstabilisation motorisée, un tapis roulant sec et un tapis roulant immergé.
Du coup, on a des appareils d'électrothérapie à disposition, donc les gens vont repartir avec l'appareil pour pouvoir faire des séances chaque jour ou tous les deux jours à la maison. Donc ça, on va le proposer aux personnes qui ne pourraient pas venir toutes les semaines en séances de rééducation ou aux animaux qui en auraient vraiment besoin et je pense en particulier aux animaux paralysés Donc les choix se sont fait finalement…
L'idée, c'était d'avoir vraiment un plateau technique le plus complet. Et puis bien évidemment de choisir des outils qui allaient être complémentaires les uns avec les autres. Pour gérer la douleur et rééduquer les animaux de façon optimale.
Pourquoi vous êtes-vous tournée vers Mikan pour l’achat de votre matériel ?
Alors Mikan, c'est le fabricant et fournisseur de référence en France, pour le matériel de rééducation et physiothérapie. Donc la question ne s'est pas trop posée. D'autant plus après, pour le côté service après vente, communication sur la moindre chose liée au matériel, au service etc. C'est évidemment beaucoup plus simple d'avoir des personnes physiques en France.
Actuellement, percevez-vous une amélioration de la considération pour le bien-être animal ?
Donc oui, effectivement, on assiste à une nette évolution de la considération de l'animal de compagnie, en France, ces 20 dernières années. Les clients sont beaucoup plus attentifs. Les propriétaires de chiens sont beaucoup plus attentifs à leur animal et donc ce qui en découle, c'est que voilà, on a une amélioration aussi de la qualité de nos soins en médecine et en chirurgie vétérinaire pour répondre à cette demande.
Et donc on a des animaux qui vieillissent petit à petit, de plus en plus et qui vont avoir des problèmes locomoteurs. Donc des animaux dont on a traité correctement une maladie, un cancer, qu'on a opéré et qui finalement se retrouvent de plus en plus vieux avec des problèmes locomoteurs. Et donc c'est là que la physiothérapie et la rééducation ont une place à prendre qui est vraiment très importante.
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