Cas clinique N°3 : arthrose du chien avec pluri thérapies labrador de 13 ans
Cas clinique N°3 : Arthrose du chien avec pluri thérapies labrador de 13 ans
Bouly, un labrador mâle âgé de treize ans et 34 kg, a été présenté au docteur Guigardet au centre Vetokinesis, pour arthrose sévère des hanches. Un diagnostic de dysplasie modérée bilatérale a été fait par le vétérinaire référent vers l’âge d’un an.
Le docteur Valérie Guigardet nous détaille le protocole de soins suivi par l’animal. Des radiographies récentes montrent une arthrose assez importante des hanches. Bouly ne fait plus de promenade et sort seulement faire ses besoins dans le terrain de ses maîtres. Des sorties très courtes durant lesquelles il se déplace lentement jusqu’au fond du jardin puis revient se coucher. Le relever est laborieux.
Examen et diagnostic pour une prise en charge en physiothérapie
Bouly ne présente aucune pathologie cardio respiratoire mais se fatigue et s’essouffle très vite. Ne supportant pas les AINS et son propriétaire voyant sa mobilité se dégrader de jour en jour, il nous est référé pour une prise en charge physio thérapeutique. La consultation initiale d’évaluation révèle une abduction et une extension des hanches droite et gauche douloureuse et limitée. La palpation de l’ilio psoas droit est particulièrement sensible. Bouly est fortement amyotrophié du train arrière (fessiers, cuisses).
Protocole de soins initiaux
Nous décidons avec son propriétaire de programmer initialement deux séances de soins par semaine avec réévaluation et adaptation du traitement au bout de trois semaines. Il est convenu comme protocole de départ :
- minimum 6 séances de thérapie laser pour initier le traitement à raison de deux séances par semaine (protocole 2/2/2, cf. recommandations et études clinique du Dr Thierry Poitte)
- kinésithérapie passive des hanches
- hydrothérapie sur tapis immergé
- coaching/accompagnement de l’activité physique du chien à la maison
Première séance : laser, kiné passive et hydrothérapie
Laser thérapie classe IV sur les deux hanches (K-Laser, programme musculo squelettique chronique) avec une attention particulière au traitement de l’ilio psoas.
Kinésithérapie passive : 15 mouvements de flexion /extension de la hanche droite, puis de la hanche gauche. Aucun mouvement de stretch n’est pratiqué malgré des articulations bien ankylosées, car ces mouvements déclenchent de la douleur.
Hydrothérapie sur tapis immergé : Une séance d’adaptation est nécessaire. Le niveau d’eau est monté à hauteur des hanches de Bouly et le tapis est mis en marche à une vitesse très lente, puis progressivement augmentée jusqu’à ce que le chien comprenne le fonctionnement du tapis et marche d’un pas quasi normal dans un sens puis dans l’autre. Le but de cette séance est uniquement que l’animal comprenne ce qu’on attend de lui et s’habitue en douceur au tapis. Le temps de travail dans l’eau est volontairement très court, soit de 3 à 4 sessions de marche immergée d’une durée de 30 secondes à 1 minute. Les encouragements et félicitations du maître à la sortie de l’eau sont, à ce stade, très importants.
Coaching de l’activité à la maison : il est conseillé au maître de Bouly de solliciter celui-ci plus souvent dans la journée afin qu’il se lève plus régulièrement : au lieu des trois sorties hygiéniques, le faire sortir ou se lever jusqu’à six fois par jour.
Deuxième séance : laser, séance d’hydrothérapie plus poussée
Après la séance de laser thérapie et de kiné passive, cette deuxième séance d’hydrothérapie est plus poussée avec : cinq sessions d’une minute de marche lente dans l’eau entrecoupées d’environ une minute de temps de récupération. Pendant ce temps de récupération, Bouly est récompensé par une friandise mais également par les nombreuses caresses de son maître. Nous profitons des temps de pose pour surveiller la respiration du labrador et nous ne remettons en route le tapis que si celui-ci n’est pas trop essoufflé.
Troisième séance et suivantes
Laser, hydrothérapie Après la séance de thérapie laser, reprise de la marche sur tapis immergé : sept sessions d’une minute puis augmentation progressive du temps de travail au fur et à mesure des séances pour arriver en 8e séance à un plateau d’entraînement de huit fois 1mn. 30 toujours entrecoupée de repos.
Coaching/discussion de l’activité : nous conseillons de sortir Bouly en dehors du jardin initialement 5 minutes par jour en augmentant le temps de marche de 5 minutes par semaine pour atteindre 15 minutes de balade par jour. L’amélioration progressive du confort du labrador mais aussi de sa condition physique générale, ainsi que le fait de le promener dans un autre endroit, avec de nouvelles odeurs, contribue fortement à la motivation du chien pour marcher.
Evaluation après trois semaines de soins
Bouly le labrador va déjà beaucoup mieux. Son maître le trouve plus gai, il recommence à s’étendre et à se coucher « comme avant » et il se lève plus facilement. Nous décidons de continuer encore les séances à raison de deux séances par semaine.
Séances laser espacées et cure complète ultérieurement
Bouly aura au total : deux mois de soins à raison de deux séances par semaine. Son propriétaire très satisfait des résultats décide ensuite de continuer un entretien par des séances exclusivement de laser thérapie que nous espaçons progressivement d’une puis deux, trois et au final quatre semaines. Il est convenu qu’une nouvelle série de soins complets incluant l’hydrothérapie sera pratiqué cinq mois plus tard, au début de l’automne, à nouveau à raison de deux fois par semaine. L’hydrothérapie aurait pu être continuée conjointement aux soins laser mais on peut s’interroger sur le réel bénéfice de séances de travail actif trop espacées…
Conclusion
Il est important de noter que le nombre de répétitions des sessions de marche est adapté à la tolérance du chien à l’exercice, tant au niveau physique que psychique, l’animal devant toujours travailler dans le confort et la décontraction maximale pour que l’exercice soit bénéfique.
L’objectif est que le chien revienne avec plaisir pour ses séances, ce qui contribuera grandement à l’« observance » et la prise en charge suffisamment longue pour obtenir des résultats satisfaisants, mais également de ne pas déclencher de grosse fatigue ou de boiterie après la séance. Le temps de travail dans l’eau peut paraître très court. Cependant, par un judicieux dialogue initial avec le propriétaire, il est important de faire comprendre à ce dernier que dans l’intérêt du chien, la remise au travail actif sera faite très progressivement. Cela permet de passer plus de temps au début de la prise en charge au coaching du chien (activité à la maison, adaptation de l’environnement du chien : rampes d’accès, sols non glissants, lieux de couchage, alimentation adaptée, etc.), ou à la mise en place éventuelle d’exercices de kinésithérapie que le maître devra parfois réaliser à la maison. Petit à petit le temps de travail hors de l’eau se rééquilibrera en faveur d’un travail dans l’eau plus long.
Le protocole de soin d’un animal arthrosique variera donc énormément selon la condition physique initiale de l’animal, sa tolérance à l’exercice, son évolution et bien évidemment la motivation de son propriétaire. De ce fait, il est difficile de parler de « protocole type » pour un animal arthrosique et le protocole devra régulièrement être revu et discuté entre le vétérinaire en charge de la physiothérapie au sein de la structure et le propriétaire de l’animal. Par le Dr Valérie Guigardet, Centre Vetokinesis, Chalamont (01) contact@vetokinesis.fr
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