Cas clinique Laser : Pododermatite chez un cobaye
Présenté par le Dr Charly PIGNON.
Anamnèse et commémoratifs
Un cobaye male entier de 4 ans est présenté en consultation pour un dessous de la patte avant droite rouge et déformé. Cette anomalie a été découverte par le propriétaire il y a plusieurs mois, mais ce qui a motivé la consultation est la douleur exprimée par son animal depuis une semaine. Le cobaye vit dans une cage dont le substrat est constitué de copeaux de bois changés toutes les semaines. L’alimentation mise à sa disposition se compose de foin et d’un mélange de graines à volonté, ainsi que de verdure fraiche et de quelques friandises industrielles. Aucunes supplémentations en vitamines et minéraux ne sont données. Le cobaye n’a jamais présenté de pathologie, mais le propriétaire reconnait que son animal est moins actif depuis un mois.
Examen clinique
Le cobaye pèse 1,342kg (normes 0,9-1,2kg) et ses côtes sont difficilement palpables ce qui signifie que cet animal est en surpoids. L’examen de la patte avant droite révèle une inflammation importante en regard des coussinets, ainsi qu’une déformation de ceux-ci. La palpation et la mobilisation du membre met en évidence une douleur. Le reste de l’examen clinique ne révèle pas d’autres anomalies.
Patte avant droite révélant une inflammation importante en regards des coussinets, ainsi qu'une déformation de ceux-ci.
Examens complémentaires
Une radiographie du membre antérieur droit est réalisée selon deux incidences (face et profile) afin de vérifier l’intégrité des structures sous-jacentes. Celle-ci révèle une inflammation des tissus mous en regard de l’articulation sans atteinte osseuse ni articulaire.
Diagnostic
L’examen clinique et les résultats des examens complémentaires nous permettent de conclure à une pododermatite superficielle sans signe d’infection touchant le membre antérieur droit. Traitement et suivi Un traitement analgésique et anti-inflammatoire est réalisé par administration de méloxicam (1mg/kg deux fois par jour per os pendant une semaine). Afin d’obtenir une analgésie multimodale, une action anti-inflammatoire et une cicatrisation accélérée, un traitement réalisé avec un laser thérapeutique est mis en place. Les séances sont effectuées à trois fois la première semaine, 2 fois la deuxième semaine, puis une fois par semaine. Le protocole choisit est « blessure 4cm² » dans le mode NAC en utilisant l’embout de précision.
Réalisation d'une séance de laser sur la lésion de pododermatite.
En plus du traitement médical, il est recommandé au propriétaire de changer le substrat pour un drybed® (tapis moelleux), de complémenter son animal avec de la vitamine C (100mg/kg une fois par jour pendant 2 semaines puis 30mg/kg une fois par jour à vie), et enfin de remplacer le mélange de graines à volonté par 10g de granulés bi quotidiens et de ne plus donner des friandises afin de faire perdre du poids à son animal.
Après 3 séances laser (J7) on note une diminution de l'inflammation et de la douleur qui a disparu lors de la manipulation.
Dès la deuxième séance, le propriétaire note une diminution de la douleur chez son animal même si la palpation reste douloureuse lors de la manipulation à l’examen clinique. À une semaine la patte apparait moins inflammée et la douleur à la manipulation a disparu. Les signes cliniques continuent à s’améliorer aux cours des séances, mais il faut attendre 1,5 mois pour que ceux-ci disparaissent. Six mois après le début du traitement, l’animal est revu en visite de contrôle. Il pèse alors 1,045g et ne présente aucun signe de récidive de sa pododermatite.
Après neuf séances (J45) les lésions de pododermatites ont disparu.
Discussion
La pododermatite est une pathologie fréquente chez le cobaye. Les lésions se développent bien souvent à cause d’un environnement inadapté (sol, substrat abrasif, blessure) ou secondairement à une infection bactérienne impliquant staphylococcus aureus. Cette pathologie est souvent rencontrée chez les cobayes souffrant de surpoids et engendre douleur et infirmité. Les animaux atteints ont du mal à se déplacer et sont souvent dysorexiques (à cause de la douleur). Ils ont tendance à vocaliser plus souvent que la normale.
L’absence de complémentation en vitamine C chez un animal (qui rappelons-le est dépendant de son apport alimentaire pour cette dernière) serait un facteur important de prédisposition. Dans notre cas, le cobaye vivait sur un substrat inadapté, était en surpoids et n’était pas supplémenté en vitamine C. Tous ces facteurs ont conduit au développement d’une pododermatite.
Les signes cliniques d’une pododermatite varient entre une inflammation modérée à sévère, des lésions érythémateuses avec ou sans ulcérations de la surface plantaire des pattes. Dans les cas les plus sévères, des cals granulomateux peuvent se former avec une infection bactérienne des tendons, des articulations, et des os (ostéomyélite). La réalisation d’une radiographie est indiquée afin de réaliser un bilan d’extension et de mettre en évidence une atteinte de tissus profonds.
Dans les cas les moins sévères, les lésions peuvent être désinfectées avec de la chlorhexidine ou de la povidone iodée diluée, le substrat doit être changé pour un substrat plus moelleux, et les animaux en surpoids doivent être mis au régime.
Dans les cas de lésions ulcératives, une talonnette peut être fabriquée et mise en place afin de diminuer la pression exercée au niveau de la lésion. Lors de cas sévère, une antibiothérapie par voie systémique, faisant suite à un antibiogramme, sera nécessaire, ainsi qu’éventuellement un débridement chirurgical avec la mise en place in situ de billes de polyméthacrylate imprégnées d’antibiotique.
Enfin dans les cas très avancés, seule l’amputation pourra être proposée. L’utilisation d’anti-inflammatoire et autres agents analgésiques sont de même nécessaires à la réussite du traitement et permettent de prévenir toute anorexie secondaire à la douleur.
Dans le présent cas, l’utilisation du laser s’est révélée particulièrement utile à plusieurs titres. Le laser thérapeutique possède une action cicatrisante agissant de façon positive sur toutes les phases de la cicatrisation (phase détersive, proliférative et de remodelage), ainsi qu’un effet anti-inflammatoire en diminuant la concentration des cytokines pro inflammatoires et en diminuant le nombre de polynucléaires sur le site inflammatoire. Enfin le laser possède un effet antalgique agissant sur la transduction du stimulus par les nocicepteurs. La réalisation de séances de laser thérapeutique est donc un traitement qu’il faut considérer lors du traitement des pododermatites chez le cobaye. Ce type de pathologie est aussi très fréquent chez le lapin, le rat et les oiseaux (poule, rapaces notamment) pour lequel l’étiologie, la présentation clinique et le traitement sont similaires. Il est donc tout à fait possible de réaliser des séances de laser chez ces animaux souffrant de pododermatite.
Lésion de pododermatite sévère chez un lapin.
Découvrir l'appareil de thérapie laser utilisé dans ce cas clinique
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