Cas clinique Laser : Rhinite muco-purulent chez un lapin
Présenté par le Dr Charly PIGNON.
Patient
Un lapin femelle stérilisé de 1 an, est présentée en consultation pour une rhinite chronique muco-purulente. La propriétaire décrit des éternuements fréquents (plus d’une trentaine en sa présence) depuis 3 mois et un jetage d’abord séreux puis devenu muco-purulent au cours de la semaine précédant la consultation, malgré une amélioration de l’environnement de la lapine. En effet, la cage était placée dans une pièce à côté d’une fenêtre mal isolée, et le substrat de l’animal se composait de copeaux de bois parfumés. Ces deux facteurs peuvent prédisposer les lapins à développer des rhinites.
Examen clinique
L’examen clinique du lapin révèle un animal en bon état général avec un appétit conservé. L’examen de la cavité buccale ne révèle pas d’anomalies. Les fréquences cardiaque et respiratoire sont dans les normes. L’auscultation respiratoire révèle une légère dyspnée inspiratoire et des bruits de tirage. L’auscultation de la cavité nasale permet de mettre en évidence des bruits inspiratoires augmentés. Un examen rapproché des narines permet de visualiser un orifice nasal encombré ainsi qu’un jetage muco-purulent (figure1).
Fig 1: orifice nasal encombré
Deux clichés radiographiques (incidence latérale et ventro-dorsale), réalisés dans le but d’établir un bilan d’extension, ne montrent aucune lésion pulmonaire.
Traitements
En accord avec la propriétaire, un traitement au laser thérapeutique est initié. Le protocole choisi est « blessure 4cm² » en utilisant la tête pédiatrique, avec 3 séances la première semaine, 2 séances la deuxième semaine et 1 séance chaque semaine par la suite. Chaque séance se déroule de la manière suivante : après avoir mis les lunettes de protection, un aide maintient le lapin enroulé dans une serviette en lui fermant les yeux. Pendant ce temps-là, l’opérateur passe la sonde du laser sur l’ensemble de la surface de l’os nasal à travers les poils. La séance dure 48 secondes. Immédiatement après la première séance de laser, la propriétaire note une augmentation de la fréquence des éternuements, et un jetage plus important d’un matériel purulent qui semble plus liquide. Au cours de la première semaine, la fréquence des éternuements diminue pour n’atteindre qu’une dizaine d’éternuements par jour. Le jetage s’éclaircit progressivement pour devenir uniquement séreux après la cinquième séance (J +14) (Figure 2).
Fig 2: après la cinquième séance
Les éternuements diminuent pour n’atteindre que deux ou trois éternuements par jour à la 6ème séance, et le jetage séreux disparait totalement à la 8ème séance (Figure3).
Fig 3: après la huitième séance
Résultat
Le traitement au laser est alors interrompu. Un mois après la dernière séance de laser, l’animal est revu en consultation et ne présente plus d’anomalie de l’appareil respiratoire supérieur.
Discussion
Les rhinites chez le lapin ont souvent une origine environnementale. Mauvaise hygiène de la cage, substrat poussiéreux, ambiance trop sèche, courant d’air, parfum d’intérieurs sont d’autant de facteurs qui vont irriter les muqueuses nasales de cette espèce particulièrement sensible.
Si dans un premier temps, les rhinites d’origines environnementales se caractérisent par quelques éternuements et un jetage séreux discret, elles peuvent en l’absence de traitement évoluer vers une atteinte plus sévère (rhinite purulente, sinusite, bronchopneumonie). Ces infections deviennent bien souvent chroniques et répondent parfois difficilement aux traitements. Le traitement laser a une véritable place dans l’arsenal thérapeutique du vétérinaire. Une étude sur huit lapins (Krespi, American Journal of Rhinolology Allergy, 2009) a montré, après avoir inoculé des bactéries et créé une rhino-sinusite, que le traitement au laser permettait de réduire la quantité de bactéries présentes dans les échantillons tout en préservant les muqueuses nasales. De l’expérience des auteurs, si l’utilisation seule du laser n’a pas toujours été curative, celui-ci a permis dans les cas les plus graves d’obtenir une amélioration rapide des symptômes (figure 4, 5).
En effet le pus du lapin étant particulièrement épais, dès la première séance de laser celui-ci est liquéfié, ce qui permet une meilleure élimination des sécrétions encombrant les cavités nasales. Cette propriété est particulièrement intéressante chez des animaux qui rappelons le, respirent de façon obligatoire par le nez. L’utilisation d’un laser thérapeutique chez les NAC peut-être proposée pour les mêmes indications que chez les carnivores domestiques et les équidés (stomatite, pododermatite, dermatite, arthrose, tendinite). Au cours de 4 mois d’utilisation au sein du Service NAC de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, notre équipe a pu constater une excellente tolérance des séances par des animaux qui sont souvent sensibles au stress (figure 6).
Aucune réaction de douleur n’a été rapportée. De plus, l’intérêt pour cette nouvelle technique de soins et l’observance des propriétaires ont toujours été bons. Si d’autres études sont à réaliser pour confirmer les résultats de terrain encourageants et les études préliminaires en laboratoire, le potentiel de l’utilisation du laser dans le traitement des rhino-sinusites chez le lapin semble très intéressant.
Découvrir l'appareil de thérapie laser utilisé dans ce cas clinique
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